La Fédération des Entreprises du Congo (FEC) a accueilli, le jeudi 11 décembre 2025, la cérémonie officielle de lancement de la première édition de l’Indice SD. Cet instrument innovant, développé conjointement par SODEICO DEVELOPMENT et la FEC, vise à évaluer la perception des MPME quant à l’environnement des affaires en République Démocratique du Congo.

    L’étroite collaboration entre les deux institutions a permis de mobiliser 658 entreprises réparties dans plus de quarante villes, ainsi que dans plusieurs zones rurales. Cette couverture territoriale d’une ampleur exceptionnelle, rarement atteinte dans des initiatives similaires, illustre à la fois la rigueur du dispositif mis en place et la confiance que continue de témoigner le secteur entrepreneurial envers nos travaux.

    • Contexte de la conception de l’Indice

    La République Démocratique du Congo (RDC) se trouve à un tournant de son développement économique. Riche en ressources naturelles mais confrontée à des défis structurels persistants, le pays doit impérativement diversifier son économie et renforcer la compétitivité de ses acteurs locaux. Dans ce contexte, les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) occupent une place centrale : elles représentent la majorité du tissu économique, créent des emplois pour une population jeune et dynamique, et contribuent à la résilience des territoires face aux chocs économiques.

    Cependant, ces entreprises opèrent dans un environnement souvent contraignant : accès limité au financement, infrastructures déficientes, pression fiscale et réglementaire, incertitudes juridiques et sécuritaires. Ces obstacles limitent leur potentiel de croissance et freinent leur contribution au développement durable du pays.

    Face à ce constat, l’élaboration de l’Indice SD répond à un double impératif :

    1. Objectiver la réalité des conditions dans lesquelles évoluent les MPME, en transformant les perceptions individuelles en données consolidées et fiables.
    2. Offrir un outil de pilotage aux décideurs publics, investisseurs privés et partenaires de développement, afin d’identifier les leviers prioritaires d’action et de mesurer l’impact des réformes dans le temps.

    L’Indice SD constitue ainsi un baromètre inédit, combinant analyse économique, perception des acteurs de terrain et robustesse statistique. Il permet non seulement de comparer les composantes de l’environnement des affaires (financement, fiscalité, infrastructures, marché,

    etc.), mais aussi de mettre en évidence les écarts entre territoires et secteurs, guidant les choix d’investissement et de politique publique.

    • Cadre conceptuel et méthodologique

    La méthodologie repose sur huit rubriques financement, fiscalité, réglementation, clés infrastructures, marché, main-d’œuvre, innovation et environnement juridique et sécuritaire.

    Ces rubriques traduisent les principaux leviers de compétitivité, tels qu’identifiés par la Banque mondiale, la CNUCED et I’OCDE.

    Le score global obtenu situe la RDC dans un environnement contraint mais perfectible.

    Derrière ce chiffre, il y a un message clair : les fondations existent, mais le chemin reste à tracer pour bâtir un climat propice à la croissance durable. En d’autres termes, l’entrepreneur congolais croit encore, espère encore, et agit encore

    • Résultats globaux
    • Vue d’ensemble

    L’Indice SD national s’établit à 2,53/5, correspondant à une note C (▲). Ce niveau reflète un environnement globalement contraignant pour les MPME en RDC, caractérisé par un climat des affaires encore fragile et positionné davantage du côté du risque que de celui de la confiance. Il implique que des réformes structurelles urgentes restent nécessaires.

    Les écarts entre rubriques sont significatifs : certaines présentent des performances relativement satisfaisantes, tandis que d’autres atteignent des seuils préoccupants.

    Forces identifiées
    Les scores élevés de la main-d’œuvre et des compétences (3,47) ainsi que du marché et de la concurrence (3,21) indiquent que les MPME bénéficient d’un vivier de talents relativement mobilisable et d’opportunités commerciales réelles. Ces atouts peuvent servir de leviers rapides pour stimuler la productivité, accompagner la montée en gamme des entreprises et renforcer l’intégration des MPME dans les chaînes de valeur.

    Faiblesses majeures
    Les résultats très faibles pour les infrastructures et services (1,95) et pour l’environnement juridique et la sécurité (1,99) confirment l’existence de contraintes systémiques lourdes. Sans interventions ciblées sur les infrastructures de base, la gouvernance économique et la prévisibilité réglementaire, les gains de compétitivité resteront limités, quel que soit l’effort fourni par les entreprises.

    • Écart entre perception et réalité : une résilience qui masque des fragilités structurelles

    Les entrepreneurs se montrent légèrement plus optimistes (2,75) que ce que révèle l’indice statistique consolidé (2,53). Cet écart de +0,22 point met en lumière deux dynamiques complémentaires :

    1. Une résilience perceptive des acteurs économiques

    Cet optimisme relatif traduit la capacité des MPME à entrevoir des opportunités malgré un contexte difficile. Les répondants valorisent notamment :

    • la dynamique du marché intérieur,
    • le potentiel de croissance des secteurs à forte demande,
    • et les perspectives d’expansion que plusieurs acteurs associent à l’évolution de leurs propres initiatives.

    Cette perception positive témoigne d’un certain niveau de confiance comportementale, indispensable pour stimuler l’investissement et l’innovation.

    • Un risque de déconnexion entre perception subjective et réalité opérationnelle

    Le contraste avec les données objectives appelle toutefois à la prudence. Les contraintes majeures identifiées dans l’indice (infrastructures insuffisantes, administration et fiscalité instables, système judiciaire peu prévisible) pourraient fragiliser les entreprises si elles ne sont pas résorbées.

    Cet écart signale donc la nécessité pour les décideurs publics et privés de :

    • prioriser les réformes dans les domaines les plus critiques,
    • mettre en place des solutions ciblées pour réduire les frictions structurelles,
    • renforcer la communication et la transparence pour éviter un optimisme déçu susceptible d’entamer la confiance.
    • Disparités territoriales et sectorielles

    Les disparités observées entre provinces et secteurs sont significatives et démontrent que les contraintes pesant sur les MPME varient fortement selon les contextes locaux. Ce constat souligne la nécessité d’éviter une approche uniforme : les politiques d’appui doivent être différenciées, calibrées au niveau territorial et adaptées aux spécificités sectorielles. Une intervention efficace implique donc des mesures ciblées, tenant compte des réalités propres à chaque province et à chaque filière.

    Par ailleurs, le rapport final est disponible sur le site officiel de la FEC.

    Cette première édition constitue un point de départ. Il est envisagé d’élargir, dès 2026, la portée de l’indice à des nouvelles dimensions telles que notamment :

    • la transition écologique ;
    • le commerce extérieur
    • la numérisation et
    • la gouvernance des entreprises

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